Ce début d’année nous donne fort à faire.

Malgré les jours qui rallongent, qui se font  plus doux et qui invitent en ce début de printemps, à se libérer de nos carapaces de l’hiver, voici que l’avenir se fait plus incertain et obscurci l’idée d’un bien être ensoleillé. Il vient appesantir notre quotidien et nous faire prendre conscience que nous vivons tous une période de l’histoire qui marquera à jamais nos générations.

Ceci est « un changement ». Et comme tout changement il invite, selon une pléiade de stades, à vivre nos émotions au travers de l’expérimentation afin d’atteindre l’acceptation et la sérénité.

La vérité meurtrie, c’est vrai, mais il est important de s’avouer à soi-même «  j’ai effectivement  envisagé que cela ne pouvait nous arriver ». Notre sincère compassion pour le peuple chinois puis italien a sincèrement occulter notre déni.

J’ai un temps jugé avec force, ces énergumènes qui n’ont compris dans le mot « confinement » que l’interprétation qu’ils ont souhaité en faire, pour être « délicatement stupide ». Ces parcs bondés d’une population en quête de soleil, ces jeunes insouciants qui continuent à sortir, ils sont bien évidemment à l’abri, ce mal ne s’attaque qu’au vieux,  cet esprit contradictoire, qui transforme ces gens inféodés à leur tablette, jeux vidéo et autres écrans connectés, subitement épris de grand air. Que dire de ces néo-sportifs en quête de finesse pour leur prochaine vacances. J’ai un temps, observé, courroucé, aveuglé, certainement par mon égo, le ballet des initiatives populaires. Entre hommages, séances de sport, de bien être, défis ou autre challenges programmés, méditation et autres invitations à s’associer à la communauté de guérisseurs de la planète. Et je ne parle pas de ce qui ont voulu vendre monts et merveilles sous prétexte que confiné, vous aviez le temps d’acheter.

Avec quel objectif, sinon d’être sûr de continuer à exister, d’être quelqu’un au sein de cette société devenue si individualiste. Tout le monde aura sa part du gâteau.

Cette colère, certainement fondé sur l’envie de voir un monde empreint de bons sens, ou peut être basé sur ce sentiment ravageur, au regard de tout ce qui a pu se dire ou se faire, que finalement « le tiers monde intellectuel » c’est peut être nous.

Je dois avouer que j’ai eu peur, de voir ce monde, se lancer dans un chaos incommensurable d’idées rocambolesques, d’entendre tout et son contraire dans la même phrase, d’imaginer un monde en guerre et d’observer ces soldats partir au front sans aucune arme, de voir comment notre espèce si évolué pouvait se trouver si démuni, victime bien souvent de ses propres incohérences.

Et puis à la peur se mélange la tristesse, avec cette hypothèse que l’être humain est capable d’expliquer à qui veut l’entendre « que le monde ne sera plus comme avant,  que cette épreuve bouleversera notre image de la société » comme une douce mélodie de jours meilleurs, alors qu’en réalité, le sentiment perdure que le monde restera le même, une bien triste mélancolie.

Nous sommes légitimement en droit de nous interroger sur cet aspect si négatif du momentum, « Qu’avons-nous fait pour mériter cela ? » Mais la réponse s’impose à nous, un constat silencieux et irréversible « ce qui est aujourd’hui, EST, tout simplement et la vie nous propose de faire face et de changer »

Cette phase dépressionnaire peut-être plus ou moins longue, mais elle ouvre la porte à l’acceptation. D’ailleurs Marcel PROUST ne disait-il pas :

« On ne guérit d’une souffrance qu’à condition de l’éprouver pleinement »

Aujourd’hui, j’ai le sentiment que le chemin de l’acceptation arpente les contours et divague au cœur de cette question :

«  même si il s’agit d’une épreuve, en quoi celle-ci peut-elle être un don pour le monde dans son intégralité et pour moi en tant qu’individu ? Et comment évoluer vers une existence plus respectueuse de ce don qui m’est offert ? »

 Ces événements nous offrent la possibilité de voir notre quotidien sous un angle différent, et d’apprendre davantage de nous-même, de notre mode de vie et de notre responsabilité face à la situation actuelle. Comme bon nombre, je ne déroge pas à la règle et observe mon activité fondre comme neige au soleil, avec toutes les interrogations inhérentes à ces modifications substantielles. Pour autant,  mon inactivité apparente, n’en est pas une.

J’accepte d’avoir succombé au jugement de l’autre, et cesse d’administrer une valeur à celui-ci en fonction de ses agissements. Derrière chaque comportement il y a une intention positive, et chacun d’eux à sa manière, a trouvé cette solution pour garder le moral s’exprimer, vivre, exister, remercier, aider ou même profiter. C’est ainsi.

J’accueil l’idée d’avoir subi les affres de mon égo et me libère de ce poids, pour laisser place à la résilience et l’assertivité propédeutique au bonheur des autres comme du mien.

J’exprime de cette manière ma nature, sans que cela soit aux dépens des autres, avec cette idée majeure que toute vie puisse continuer de manière naturelle et fonctionnelle.

J’accepte de ne rien faire,  parce que c’est un choix, et que mieux vaut un choix qu’un non choix. De cette manière je ne me retranche pas derrière le fait que je n’avais pas le choix, nous l’avons toujours.

J’ai l’envie de continuer à apprendre,  au travers des lectures, des expérimentations et auprès de ceux qui ont érigé la sagesse du monde, sans avoir nul besoin de rechercher ce qui se fait de mieux, mais bien ce qui me correspond le plus. De continuer à me connaitre mieux, me remettre en cause, pour progresser et évoluer encore. Garder cette flexibilité, la travailler davantage et maitriser les systèmes qui sont les miens. Je veux mettre en application mes connaissances, les partager, les faire profiter.

Je prends un peu de recul, en quittant cette position autocentrée, pour une autre posture, me mettre à la place de l’autre ou parfois même regarder d’un peu plus loin, et découvrir des richesses de compréhension. Il arrive même que l’on puisse être ici, tout en étant ailleurs et partout à la fois et que cette richesse se transforme en trésor. Je veux croire que de ces moments émergent les vrais liens qui nous unissent à la vie et à l’ensemble des êtres vivants de cette terre.

La vérité, c’est que je n’ai pas le sentiment d’appartenir à une communauté mondiale bienveillante et unis, mais bel et bien une somme d’individualité qui, du chaos de son organisation, fait naître une systémie pas toujours très stable. Néanmoins j’ai la croyance que c’est sur cette disparité que notre richesse se fonde et je souhaite la voir comme le moteur qui animera notre renouveau.

Je regarde néanmoins avec une certaine inquiétude, ce triangle dramatique s’installer sur les épaules de ces personnes qui font aujourd’hui fonctionner notre pays. Tous les personnels soignants, les employés de l’agro-alimentaire, les forces de l’ordre, les chauffeurs-livreurs, les éboueurs et tant d’autres.

Estimer qu’ils sont nos sauveurs, qu’ils sont les sauveurs de tout un pays, présuppose que la responsabilité totale de la survie des victimes leur incombe.

Mais quelles responsabilités prenons nous, nous les victimes, en ne respectant pas le confinement, en véhiculant des informations contradictoires, en acceptant  une totale déresponsabilisation face à cet horrible persécuteur qui tue bon nombre de vies.

A cela s’ajoute que certaines victimes deviennent maintenant des persécuteurs qui somment leur voisin infirmier, médecin ou autre de quitter le quartier pour leur bien être personnel.

Nos sauveurs persécutés par les victimes d’un autre persécuteur. Mais qui va les sauver « nos sauveurs » si ce n’est notre capacité à comprendre notre responsabilité face à ce fléau et l’apprentissage du respect d’autrui.

J’ai aujourd’hui la volonté d’être une personne meilleure, grâce à ce que nous propose la vie. C’est l’occasion pour moi de centrer mon attention sur les personnes qui me sont chères,  d’aimer encore plus fort, d’écrire toutes ces pages de formations et de les préparer pour les enseigner ou ces textes qui donnent du sens à ma vie, de m’appuyer sur ces nouveaux apprentissages que m’offrent ces moments, de regarder le présent comme un cadeau.

Bouddha disait du présent :

« Il est un magnifique cadeau et c’est la raison pour laquelle on l’appelle “présent” ».

Cette énergie que je veux développer et conserver, c’est auprès des personnes que j’aime,  que je la trouve, que nait cette volonté de profiter de chaque instants, de vivre avec passion ces moments partagés, de respecter mon prochain et de cultiver cette affection pour tous, que vous soyez proche ou loin, l’intensité reste la même.

«  Mes silences ne sont des oublis que pour celui qui le souhaite, ils sont pour moi la sagesse qui me permet d’exprimer combien je vous aime »

Je vous souhaite le meilleur